Edito
La nouvelle édition de ce guide fournit de riches indications montrant les directions vers lesquelles peut conduire aujourd'hui l'apprentissage de l'occitan.
Le cursus scolaire offert en occitan est désormais complet, de l'école élémentaire jusqu'au lycée, puis à l'université. Quand un élève souhaite poursuivre ses études en occitan, ce qui n'est pas obligatoire mais que l'on peut souhaiter, il lui sera possible de se présenter aux concours de professeur des écoles et de professeur du second degré. La nouveauté dans ce domaine est que désormais il est possible de devenir professeur agrégé d'Occitan. La création d'une agrégation des langues de France - avec une option occitan - prouve que la discipline a désormais ses lettres de noblesse et est reconnue comme les autres disciplines pour la richesse culturelle particulière qu'elle exprime, et pour la qualité des contenus universels qu'elle transmet à travers les mille ans d'une littérature toujours vivante, comme à travers ses créations artistiques les plus contemporaines.
La création de ce concours d'excellence n'est pas la seule évolution de ces dernières années. Désormais l'occitan, et avec lui l'ensemble des langues régionales, est considéré dans la loi comme faisant partie du patrimoine de la France (article 75-1 de la Constitution), et comme porteur de formation, au même titre que les autres disciplines que l'on étudie traditionnellement. L'occitan est susceptible d'être enseigné pour lui-même ; mais, de plus en plus, se développent des enseignements en occitan de disciplines autres. Étudier cette langue et la pratiquer à l'école ne signifie donc pas le repli sur soi, ni la mise à distance du monde. C'est un atout dont on commence à mesurer les richesses : les élèves qui suivent les enseignements bilingues obtiennent des résultats positifs dans l'ensemble des disciplines, et ce n'est pas un hasard.
Il est maintenant reconnu que les langues régionales participent activement au développement des compétences. Dans la découverte des cultures qui le constituent, l'apprentissage de l'occitan permet deux mouvements de la pensée : d'une part, il aide à la (re)connaissance, à la valorisation d'une région, de son histoire, de ses coutumes et de ses évolutions. D'autre part, il permet de pratiquer de façon familière la comparaison des langues. Les apprentissages, surtout s'ils sont débutés tôt, favorisent l'ouverture aux langues, la fluidité des comparaisons, et facilitent la compréhension de notre société traversée de langues et de traditions diverses.
L'étude de la langue et de la culture occitanes permet de porter sur le passé un regard neuf, qui va plus loin que les apparences. Pour les jeunes des régions concernées, c'est une occasion de s'interroger sur ce qu'ils sont. Mais il n'est pas nécessaire d'avoir ses origines dans la région pour s'intéresser à cette discipline qui s'adresse à tous, comme les autres langues vivantes. On a longtemps reproché à cet enseignement son ancrage dans une société dépassée, au risque de l'enfermement. Ces reproches n'ont plus lieu d'être ; les études en occitan sont modernes, ouvertes et enrichissantes. Elles sont même parfois vecteurs d'intégration, car elles représentent pour tous les jeunes qui l'abordent, un objet commun de découverte et d'investigation. Elles s'organisent autour de principes d'enseignement fondés sur la recherche, l'expression et la création. La diversité linguistique est un atout dont profitent les élèves et les étudiants en occitan.
Les collectivités territoriales accompagnent ces enseignements à travers une politique d'utilisation de la langue occitane dans la vie publique. Des conventions signées entre l'État et ces collectivités distribuent les responsabilités de l'un et des autres, qui convergent dans la volonté de promouvoir les expressions culturelles et artistiques occitanes, et de développer une pratique et une création propres à notre temps.
Enfin, la société s'empare des intérêts de la langue : nombreuses sont les entreprises privées qui valorisent l'emploi de l'occitan.
C'est dans ce cadre ouvert, où s'expriment les énergies du plurilinguisme, que se présentent, pour ceux qui vont faire confiance à l'occitan, des formations et des métiers d'avenir.
Yves Bernabé
Inspecteur général de l'Éducation nationale,
groupe des langues vivantes - langues régionales